Ocean Newsletter

No.535 November 20, 2022

  • On Promoting the Blue Economy in Africa Cherif SAMMARI
    Professor, The National Institute of Marine Sciences and Technology (INSTM)
  • Dr. Shizuo Ishiguro's Legacy at Nagasaki Marine Observatory Before His Departure to the U.K. NAKANO Toshiya
    Head, Nagasaki Ocean Academy, Nagasaki Marine Industry Cluster Promotion Association; Former Director, Nagasaki Meteorological Office
  • Passing on a Beautiful and Productive Ocean to the Future YADOMARU Kotoko
    President, Change Our Next Decade / 3rd-year Student, Doctoral Program, Graduate School of Horticulture, Chiba University

TICAD8 : Un Exdellent Vecteur de Promotion de L’econmie Bleue en Aflique

[KEYWORDS] blue economy / blue finance / Tokyo International Conference on African Development
Cherif SAMMARI
Professor, The National Institute of Marine Sciences and Technology (INSTM)

The United Nations has declared the Decade of Ocean Science, and while the prospects for the Blue Economy in Africa are promising, the development and use of the ocean and its resources remains unchanged from days past, and coordination and synergy on the regional and international levels are lacking. In order to facilitate early implementation of blue economy policies it is important to adopt systems incorporating new concepts, which I hope to promote through regional and international cooperation.

Attentes pour l'économie bleue

La dernière décennie a été marquée par un regain d’intérêt manifeste pour la mer et les sciences marines. Et si les progrès scientifiques et technologiques ont permis d’esquisser des éléments de réponses fiables aux principales questions en relation avec les océans et leur exploitation durable, plusieurs incertitudes et autres interrogations demeurent en suspens et ne préoccupent pas seulement les chercheurs mais aussi tous les citoyens. Parmi ces questions, nous en citons, à titre indicatif et non exhaustif, celles en relation avec les changements climatiques et leurs impacts, la raréfaction des ressources marines vivantes ou bien les capacités des océans à jouer pleinement leur rôle dans la régulation de la machine thermique. La pression urbaine et ses incidences sur les zones côtières constituent aussi un autre sujet de très haute importance.
Dans ce même contexte, l’économie bleue prend de plus e plus de l’ampleur et est traitée au niveau des instances internationales comme étant un excellent vecteur d’inclusion sociale et de préservation des ressources. D’ailleurs, conscientes de l’importance du sujet, les Nations Unies ont décrété la décennie 2021-2030 comme étant celle des océans. L’ultime objectif étant de développer davantage de synergie entre tous les acteurs à savoir la science, l’économie, le social et la gouvernance. Une science citoyenne doit impérativement émerger et accroître ainsi la visibilité des résultats de recherche académique au profit du progrès social.

En ce qui concerne l’Afrique*1 , les secteurs et les composants de l’EB génèrent aujourd’hui une valeur de 296 milliards USD et 49 millions d’emplois. Selon les projections, d’ici 2030, les chiffres seront respectivement de 405 milliards USD et 57 millions d’emplois, tandis qu’en 2063, ils seraient respectivement de 576 milliards USD de valeur créée (voir figure 1) et de 78 millions d’emplois.

Et même si les perspectives sont prometteuses, le mode d’exploitation de la mer et de ses ressources demeure très classique et marqué par l’absence de l’innovation et surtout par une gouvernance non adaptée. Dans ce mode, l’approche est linéaire, compartimentée et sectorielle avec de faibles
connexions et synergies entre différentes échelles d'intervention (globale, internationale et nationale) ainsi qu'entre les secteurs concernés. En effet, la plupart des États membres continuent à exporter des produits non transformés et des matières premières (poisson, minéraux, huiles, etc.) qui peuvent bénéficier d’une transformation au niveau national. Le soutien de l’investissement via un nouveau mécanisme de finance bleu est le seul moyen susceptible de générer de la valeur ajoutée et d’assurer la meilleure intégration sociale de toute la chaines de production et cela dans tous les domaines. Mais un investissement ne peut être garanti que si des obstacles sont levés et le premier concerne justement l’innovation et le transfert technologique (voir plus loin).

Figure 1. Valeur créée par les secteurs EB (valeur ajoutée) et composants (valeur des services) en Afrique.

Initiatives en Afrique

Dès 2016, La Commission économique pour l’Afrique au sein des Nations Unies (www.uneca.org) a souligné le problème*2 et a proposé le meilleur cadre souhaitable pour l’économie bleue en Afrique (figure 2). Le nouveau cadre de l'économie bleue est donc basé sur une approche intégrée, systémique, dynamique, inclusive, participative et écosystémique. Dans cette nouvelle approche, les barrières sectorielles sont minimisées au niveau de l'activité. Il s’agit aussi de proposer un nouveau

Figure 2. Le cadre souhaitable de l'économie bleue en Afrique.

En 2019, l’Union Africaine a publié la stratégie de l’économie bleue de l’Afrique. Une excellente synthèse du sujet y est présentée. Il s’agit en fait de changer de modèle d’exploitation et de bâtir un nouveau socle pour une économie bleue inclusive et durable qui contribue de manière significative à la transformation et à la croissance du continent. Dans ce document tous les défis à surmonter sont décrits (économique, social, nutritionnel, environnemental, potentiel bleu, Planification de l’Espace Maritime (MSP), approche intégrée et prospective des écosystèmes marins, sécurité et sûreté grâce à une surveillance maritime intégrée, production de valeur ajoutée, etc.). Mais celui qui retient le plus attention est celui en relation avec la gouvernance bleue. En effet, il y est mentionné qu’en dépit des progrès réalisés à ce jour sur de nombreux fronts, d’importants problèmes institutionnels et de gouvernance subsistent et limitent la capacité des États membres à formuler et à mettre en œuvre efficacement des politiques relatives à la croissance en appliquant le concept relativement nouveau de l’économie bleue en Afrique ainsi que des politiques en faveur de la protection de l’environnement et de l’amélioration de la santé des écosystèmes. Un cadre politique et réglementaire efficace est donc nécessaire pour garantir les investissements dans l’exploration de la mer, ainsi qu’une politique solide pour l’innovation, le transfert de technologies et l’adaptation visant à encourager les inventeurs. Ces instruments devraient être mis en place pour renforcer les capacités institutionnelles des agences et organisations nationales et régionales clées en vue de la mise en œuvre effective des fonctions liées à l’économie bleue.

Enfin, la recherche et l’éducation constituent les deux piliers essentiels du développement de l’EB en Afrique. Actuellement, les principales activités de recherche et d’éducation sont liées à la pêche et à l’aquaculture, avec un énorme manque d’expertise dans les énergies renouvelables, l’exploitation des ressources en eaux profondes, le pétrole et le gaz, ces secteurs étant dirigés par des sociétés internationales peu liées aux institutions d’éducation et de recherche en Afrique.
L’importance croissante des secteurs d’EB et de la composante EB tels que le carbone bleu stimule actuellement le développement de nouveaux programmes éducatifs dans des pays pilotes tels que l’Afrique du Sud, les Seychelles, Maurice et le Ghana. La tendance actuelle sera maintenue jusqu’en 2063.*3

Tendances de la coopération interrégionale et internationale

Plus récemment, la promotion d'économies bleues durables a été identifiée comme une politique prioritaire pour de nombreux pays côtiers et insulaires et a été discuté lors de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans qui s'est tenue à Lisbonne, au Portugal, du 27 juin au 1er juillet 2022. Il est prévu que la coopération régionale et le partenariat international pour la promotion d'économies bleues durables en Afrique constituent un thème majeur lors de la réunion huitième édition de la Conférence Internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD8) qui s’est tenue les 27 et 28 août 2022 en Tunisie. Et c’est justement dans ce contexte plutôt favorable que l’INSTM et l’OPRI ont organisé deux importants évènements et ce en marge de la TICAD8. Le premier est un atelier international dédié exclusivement à l’économie bleue. Le second est un évènement parallèle intitulé « Policy dialogues on sustainable fisheries and aquaculture development for blue economies in Africa - Regional cooperation and international partnership ».
Au cours de ces deux évènements de fructueux échanges ont eu lieu entre experts nationaux et internationaux (GOOS-AFRICA, FAO, IOCAFRICA, JICA, ONUDI, PNUD, WWF, etc.) et ont pu dresser un état des lieux et surtout esquisser des recommandations pour une rapide mise en œuvre d’une nouvelle politique solide de l’économie bleue en Afrique. Plusieurs recommandations ont été émises et la première concerne la gouvernance et le renforcement de l’état des connaissances via des projets structurants et à dimension régionale. Un comité ad hoc a été mis en place et est en charge du suivi de la mise en œuvre des recommandations et de la concrétisation de projets bleus à forte inclusion sociale.

  1. *1UA-BIRA, 2019. "Stratégie de l’économie bleue de l’Afrique“. Nairobi, Kenya
    http://repository.au-ibar.org/handle/123456789/511
  2. *2ECA, 2016, “Africa's Blue Economy: A policy handbook. Economic Commission for Africa. “,
    https://wedocs.unep.org/handle/20.500.11822/30130
  3. *3Premier Rapport Continental Sur L’Etat de la Mise en Oeubre de L’Agenda 2063,
    https://www.nepad.org/file-download/download/public/121894

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